Bruno GINER
Ils ont dit...
« La musique de Bruno Giner
est avant tout
une musique de conviction
qui dépasse de loin
le seul cadre musical,
une sorte d'urgence
immédiatement lisible
dans son écriture. »
Jean Geoffroy
Sur l'écrivain de notes...
Bruno Giner est beaucoup moins un architecte, un formaliste obsédé par la structure, qu’un homme électrisé par un coup de foudre initial qui, dans un second temps, étire son intuition première. Voilà pourquoi sa musique est narrative et donc très sensible, ayant aussi pour axe majeur le plaisir du son. Le son projeté comme sens unique ! (Patrick Jézéquel)
Carpe diem
Le goût affirmé du compositeur pour les petites formations de chambre est toujours actuel. Cette pièce pour deux bassons d’environ huit minutes trente affectionne le mélange de différentes techniques contemporaines avec des éléments plus traditionnels, « de façon à forger un langage personnel où se côtoient librement atonalité, modalité, chromatisme, modes de jeux et textures sonores ».
Son point central reste le travail sur le son de l’instrument au travers d’une écriture rigoureuse mais libre dans la pensée, d’où le titre Carpe Diem.
En effet l’univers sonore est très recherché. On y trouve une forme en arche où l’on commence et on termine pianississimo. Au centre sont présentes beaucoup de cassures sonores, avec par exemple un endroit où l’on passe de fortissimo flaterzung à pianissimo, comme si cette pièce racontait l’histoire d’une vie ou d’une journée où l’on se réveille dans ce monde dans lequel on s’agite en crescendo jusqu’à l’âge central, puis decrescendo jusqu’au moment où l’on s’endort.
Lionel Fraschini, L'éducation musicale, mai 2018
Salsa con carne
Bruno Giner ne se prend jamais au sérieux, étant pleinement contemporain, mais sans pose. Il parle de « déconstruction » pour indiquer la manière qu’il a d’accommoder à sa sauce (ce que signifie salsa) le patrimoine populaire qui le nourrit – ici la musique cubaine. Ce chef inspiré nous sert un plat relevé, fait du mariage des timbres de deux instruments éloignés qui s’unissent ou s’éloignent au gré d’une humeur changeante. Heurts, frictions, courtes phrases, bruits, poses, solos, plages calmes, ruptures, unissons… : rien ne manque dans cette musique d’esprit rhapsodique, jamais bruyante, mais au contraire attentive à toute émission sonore.
Patrick Jézéquel
Res Musica, octobre 2020
Commedia
Il s’agit en fait d’un recueil de théâtre musical : en dix tableaux nous sont présentés tous les personnages de la commedia dell’arte présentés par un Monsieur Loyal. Le jeu scénique a donc autant d’importance que les pièces musicales. Les acteurs peuvent être les différents pianistes qui se succèdent au piano à queue indispensable, ou d’autres. En plus d’un piano à queue, « il faut se munir de quelques accessoires : un boitier de CD plastique pour préparer le piano, une baguette dure, un stéthoscope en plastique, un piano jouet, un bol avec des pièces de monnaie, une caisse claire… Bref, chaque numéro apporte son lot de surprises. L’écriture va du totalement contemporain au pseudo-classique. Ce n’est pas facile, mais les participants devraient bien s’amuser à monter ce piano-spectacle. La partition donne toutes les indications nécessaires à une bonne exécution de l’œuvre. L’ensemble est original et de bon aloi…
Daniel Blackstone
L'éducation musicale, février 2019
TCP 17 (disque Polycordes 3)
La palme du programme revient toutefois à TCP 17, de Bruno Giner, qui, entre suite d’études et rhapsodie fantasque, joue autant avec l’oreille de l’auditeur qu’avec les cordes d’un trio transcendé.
Pierre Gervasoni,
Le Monde.fr, mars 2018
Avec sa pédale, ses échanges rythmiques, ses jeux de bruitages, proches de la musique concrète, et ses fulgurances, « TCP 17 » pétille.
Bob Hatteau
Jazz à babord, mars 2018
In Memoriam Pavel Haas
Giner based this solo oboe work on the Haas suite and has worked musical spellings of the name "Haas" (B-A-A-E flat) into the music. It was written for Ferez, and it shows. In this difficult, atonal piece he is confident and convincing. His easy navigation of extended techniques is truly impressive, and he passes into and out flutter-tongued passages with remarkable fluency. The phrasing and nuances are spot on.
Pfeil
The American Record Guide, March/April 2016
Pavel Haas et les enfants d'Auschwitz
« Composés en 2013 pour Fabrice Férez, les Trois silences déchirés de Bruno Giner (qui prolonge ici musicalement, et en toute logique, le travail littéraire entrepris avec son ouvrage Survivre et mourir en musique dans les camps nazis), apparaissent comme la réponse des enfants d’Auschwitz à la Suite opus 12 de Pavel Haas. À l’évidence Fabrice Férez est en phase complète avec cette création. Réservés au seul hautbois, ces Trois Silences où Bruno Giner se glisse littéralement, et nous avec, dans la peau de Pavel Haas, offrent au virtuose les vertiges des écarts, la brièveté des motifs, l’introspection du son, le cryptage musical façon Bach des lettres du nom du compositeur tchèque (si-la-la-mib H.A.A.S.) et même la réapparition salutaire du choral hussite déjà utilisé par Haas. »
Jean-Luc Clairet
Res Musica, mai 2014
Oxphale
Cette œuvre est écrite dans un langage tout à fait contemporain. Les procédés de jeux sont minutieusement indiqués. On connait assez le sens des couleurs et des timbres de l’auteur pour avoir envie de découvrir cette œuvre.
L’éducation musicale, octobre 2013
Après une lecture de…
Une œuvre en un mouvement, qui est « une tentative de relecture de quelques gestes pianistiques propres à l’écriture de Franz Liszt », précise le compositeur. Comme dans une rhapsodie, s’enchaînent des épisodes plutôt courts et très contrastés (bribes d’étude, passages récitatif), au langage chromatique et atonal.
Michaël Sebaoun
La Lettre du Musicien, décembre 2012
Création du second opéra de Bruno Giner à la MPAA
« Giner adapte lui-même la nouvelle d’Hervé Le Tellier Pion prend tour en D9 qui raconte une partie d’échecs un peu particulière, celle qui oppose le commandant A d’un camp de concentration à un général SS. Ils jouent par téléphone, un coup chacun, matin et soir. L’action débute au moment où une voix dans un haut-parleur convoque un détenu juif, Franz Z, célèbre joueur d’échecs, appelé, moyennant quelques rations alimentaires en plus, à conduire la partie du commandant. Mais ce dernier se trompe de prisonnier… s’engage alors une partie à trois dans laquelle chaque mouvement de pions sur l’échiquier engage la survie des deux prisonniers; Franz Z n’est pas long à comprendre que le général a aussi son "juif" joueur d’échec, Stéphane K, intermédiaire zélé de son propre bourreau ; c’est la fin de la partie qui nous le dit.
Sur le plateau, un piano et sept instrumentistes sont à cour et font face au chœur dont se détachent deux personnages féminins, Olga1 et Olga 2 assurant, tel le coryphée antique, la narration et les commentaires de l’action. Un jeu d’échec côté jardin sera l’unique élément scénique du spectacle mis en espace par Benoît Richter. Comme il l’avait fait dans Charlie, Bruno Giner fait passer le texte à travers différents degrés de vocalité, du parlé au chanté en passant par le chuchoté du chœur – vaillant Théa, chœur préparé par Emmanuèle Dubost – et la scansion rythmique voire mécanique des paroles dont s’emparent à plusieurs reprises les instrumentistes. La partie instrumentale, sous le geste investi de Philippe Nahon impose d’emblée, par ses couleurs et l’économie du geste, la tension dramaturgique : chocs mats du piano, intervention cinglante de la percussion dans un prologue très suggestif. Avec la radicalité qui lui est propre et un impact percussif saisissant, Giner règle les énergies et ménage les contrastes, entre mouvements pendulaires de tierces suspensives et salves colorées de cuivres en fanfare : une manière objective et frontale qu’il aime adopter pour aborder son sujet, en évitant tout pathos et pléonasme. »
Michèle Tosi
Res musica, mars 2012
Rencontre avec un compositeur qui affiche ses opinions. Sa musique n'en est que plus belle et forte.
« Bruno Giner avait choisi un programme dont le fil conducteur pourrait se dire : l'art contre l'oppression. Au début, Guernica, petite pièce pour piano de Paul Dessau, qui dut fuir le nazisme mais continua à le combattre. Avec la Paraphrase sur « Guernica » de Paul Dessau qu'en réalisa Bruno Giner pour 4 instruments, le ton était donné. Et le clou enfoncé, ensuite, par le musicien, présentant le gros morceau de la soirée, Charlie. Une fable musicale que lui a inspiré le petit opus de Franck Pavloff Matin brun, qui, en quelques pages glaçantes, décrit la montée du fascisme et comment on laisse faire, en détournant les yeux… Ramassé pour être d'autant plus percutant. Cela vous empoigne avec la force d'un thriller ; il y a le texte, bien sûr, d'abord chuchoté, la voix, parfaite, enflant peu à peu, mais surtout, l'alchimie avec une musique intense, bourrée de références à l'histoire, la grande (on reconnaît, au passage, deux mesures de Maréchal, nous voilà !), celle de la musique, avec des apports allant de Chopin au jazz. Une œuvre qui met au cœur le partage et l'humour, en dépit de la gravité du sujet : la clarinettiste et la violoniste se retrouvent à taper sur des casseroles, le chef scande les étapes de la narration, chante, et tous avec lui… Un échange de rôles qui s'opère avec le plus grand naturel tant est prégnant l'engagement total, joyeusement consenti. »
N.G
Le travailleur Catalan, décembre 2009
Des univers sonores
« Bruno Giner fait partie des compositeurs contemporains qui proposent des univers sonores musicaux nouveaux, riches et diversifiés. Ses multiples propositions sont le fruit d’une véritable synergie intellectuelle et sensorielle, pratique et technique, historique et humaniste.
Ses différentes productions musicales et "para musicales" (livres et articles) s’inscrivent dans un cheminement artistique et culturel méthodique et construit. »
Alain Pelletier
Percussion n° 25, décembre 2008
Échapper aux poncifs
« Bruno Giner semble avoir voulu échapper à tous les poncifs du genre avec son nouveau Concerto pour violoncelle. Comme à son habitude il n’a pas de temps à perdre. Il y a bien quelques petites longueurs dans les sections de percussions, mais on vérifie qu’il reste toujours le Hérault d’une musique dégraissée, incandescente, brûlante et sèche comme l’on dit d’un sarment de vigne, et dont on attend les péripéties çà chaque tournant : car chez lui on est prié de laisser dehors tout ennui respectable, sauf tenu en laisse… C’est dire combien la musique de Bruno Giner est mordante. »
Arnaud Dumond
La Lettre du Musicien, mars 2001, n° 250
Flauta de pico
« Lo que el compositor plantea en estas piezas en realidad son verdaderos ejercicios de articulación, afinación, ritmo, etc., que muestran un conocimiento profundo del instrumento por parte de Giner. Creo que podemos sentirnos muy satisfechos que un compositor de la talla de Giner haya compuesto estas obras para nuestro instrumento. »
Maria Jesus Udina
Revista de flauto de pico, octubre 1997
Le point de vue de…
« Tout cela compose à la fois un carnet intime, "les bribes éparses de ma propre mémoire" comme dit Giner mais aussi un saisissant tableau de la sensibilité catalane, avec ses excès, sa rugosité, son extraversion, son sens du comique et du tragique. »
Jacques Bonnaure
La Lettre du Musicien, mars 1996
Festival Présences
« La musique instrumentale de Giner se distingue par son intransigeance et son caractère extrêmement charnel. Appliquée à la bande magnétique, son inspiration se déploie avec la même sûreté, non sans une forte dose d’humour. »
Dominique Druhen
Le Monde de la Musique, avril 1996, n° 198.
« K »
« Looking at the score of Bruno Giner’s K, one has the impression of mathematical mind at work, organising every event the performers will execute (even the aleatoric elements are subject to the time constrictions of the prerecorder tape). Using time-line notation and a variety of symbols, one is made aware of the detailed new musical langage that must be learnt before the players can digest the piece even for themselves. (...) The composition of the recorder parts is skilful, with uni-directional as well as argumentative moments, and clearly demonstrate Giner’s understanding of the instrument’s potential, as well as his exciting imagination. (...) Consequently the work is likely to remain one for those educated in and enthusiastic about contemporary electro-acoustic music. »
Lorraine Latin
The recorder magazine, december 1994.
Bruno Giner sonne l’hallali de Dali
« Chaque année, le festival « Aujourd’hui Musiques » de Perpignan propose à un compositeur de donner une version sonore de l’Ode à Salvador Dali de Federico García Lorca. En annonçant ses intentions dans les colonnes de l’indépendant, Bruno Giner avait semé le trouble. Pas d’hommage surtout. Car Dali avait trahi son ami Lorca en faisant acte d’allégeance à Franco. L’œuvre ne serait pas le panégyrique du peintre génial, surtout pas de l’amitié immortelle de deux grands artistes mais plutôt la démonstration sensible de la trahison. (…) Un critique d’autrefois aurait parlé de musique virile. Elle est vive en tout cas, très dynamique, voire violente. Il y a du Varèse là-dedans, mais un Varèse qui aurait fréquenté Schönberg. Le plus remarquable de cette partition, c’est qu’elle donne l’illusion de sonner comme une musique d’orchestre, avec six instruments seulement »
Dominique Druhen
Libération, 2 décembre 1994.
Feu dévorant
« Bruno Giner a de la flamme et un propos. Ça va vite, on ne souffle pas. Le sommet de cette gourmandise retenue est le silence, seule tétanisation possible. C'est là, dans les trous où il nous lâche pour nous reprendre ensuite comme singe au vol de sa liane, que Giner nous prouve son art. »
Jean Vermeil
Répertoire, avril 1992, n° 68.
Sur le compositeur de mots...
Treize histoires "secrètes" de la musique
Le livre de Bruno Giner récemment paru chez Delatour répond de manière à la fois précise, concise et vivante, abordant les liens entre quelques compositeurs de la première moitié du 20e siècle et le contexte politique dans lequel ils ont vécu. On pourra aussi découvrir, par exemple, l’engagement social de Satie, l’appui d’Edgard Varèse à la république espagnole, l’activité de résistante d’Elsa Barraine ou les ensembles musicaux du camp de concentration de Mauthausen.
Il manquait une synthèse présentant l’histoire
exhaustive, de ses origines à ses ultimes développements, de la musique dodécaphonique et sérielle, en n’omettant ni l’apport de Hauer et de son école, ni les critiques formulées à l’encontre du sérialisme.
Laurent Mettraux, Schweizer Musikzeitung / Revue Musicale Suisse, Juin 2022.
Biographie Edgard Varèse
"Je suis un pauvre con qui emmerde les gens" déclara-t-il alors qu'il peinait à se faire entendre. D'Amériques à Nocturnal, Bruno Giner suit le parcours cahoteux de VArèse et évite soigneusement l'hagiographie. Son portrait coloré s'accompagne de considérations précieuses sur la musique "d'un compositeur du son plutôt que de la note" qui aujourd'hui n'emmerde plus personne.
Philippe Venturini, Classica, février 2022
Biographie Kurt Weill
Bruno Giner propose une très bonne synthèse de la vie mouvementée et de l'œuvre protéiforme d'un musicien qui, malgré sa science acquise à la Musikhochschule de Berlin et surtout auprès de son maître Ferrucio Busoni à l'Académie prussienne des Arts, fut toujours à la recherche d'un langage qui s'adressât au plus large public possible.
Louis Bilodeau, Avant-Scène Opéra, octobre 2018
Bruno Giner : La musique percute. Entretiens avec François Porcile
Modèles d'intelligence, ces dialogues doivent tant à la vaste culture de l'intervieweur qu'à la personnalité du sujet principal. Ce nouveau livre éclaire le parcours de Bruno Giner, compositeur formé par Ivo Malec et Brian Ferneyhough, dont la famille catalane fut elle-même marquée par l'exil. Particulièrement intéressants sont les chapitres qu analysent sa technique d'écriture ou qui exposent ses travaux sur les musiciens persécutés.
Frédéric Gaussin, La lettre du musicien, novembre 2017
Entartete Musik : les musiques interdites sous le IIIème Reich
Coup de cœur de la Rédaction livres de classiquenews, le nouvel opus édité par Bleu Nuit est exemplaire : peu d’ouvrages éclairent aussi bien le contexte des compositeurs inquiétés, interdits par le régime nazi dans les années 1930. Les deux auteurs présentent dans un esprit synthétique aux développements passionnants, la période “heureuse” qui a précédé, celle de la jeune république de Weimar propre aux années florissantes 1920… avant la crise de 1929. Terrible événement qui précipite les rêves, l’utopie libertaire de la république d’avant Hitler. Chaque compositeurs bientôt poursuivi dans les années 1930 y est présenté, chacun selon son esthétique ou sa sensibilité.
Chris-Humphray Carter, classiquenews.com, avril 2015
Les musiques pendant la guerre d’Espagne
On connaît l’engagement de Bruno Giner, compositeur et musicographe, pour dénoncer les systèmes répressifs s’exerçant sur les arts et la musique au sein des dictatures. Il co-signe avec l’éminent cinéaste et musicologue François Porcile le premier ouvrage en français à s’intéresser à la vie musicale et aux compositeurs en lice durant les années de la guerre civile espagnole. Les auteurs lèvent le voile sur un pan de l’activité créatrice longtemps laissé dans l’ombre dans une Espagne où la musique, selon les termes de Maurice Ohana, est avant tout "le fait du peuple".
Michèle Tosi, Res Musica, avril 2015
Bruno Giner et François Porcile brossent un passionnant tableau musical et historique de la guerre civile qui ensanglante l'Espagne trois années durant (1936-1939). Ouvrage d'autant plus précieux qu'il est le premier à embrasser le sujet de ce côté-ci des Pyrénées.
François Laurent, Diapason, février 2016.
La musique derrière les barbelés
« Engagé, précis et toujours réactif, le récit que l’auteur fait de « ces moments qui blessent la mémoire » repose sur une documentation extrêmement fouillée (photos, dessins de déportés), des témoignages de première main (comme celui de Violette Jacquet-Silberstein), et une recension systématique des compositeurs, œuvres, chansons… témoignant de la place qui était faite à la musique dans le système concentrationnaire nazi; le tout exposé sans lyrisme ni pathos; les faits parlent d’eux-mêmes, tels ces encadrés – l’arrestation musclée d’un musicien, le portrait d’un Kapo – qui rythment la rédaction et lui donne sa fulgurance.
Dans cette trajectoire de l’horreur, Giner procède de manière chronologique, des premiers camps construits à Dachau dès 1933 puis à Auschwitz, Neuengamme… en 1939, jusqu’aux camps d’extermination (Birkenau et Theresienstadt) en s’arrêtant sur les camps de prisonniers (« La musique française au Stalag ») où Messiaen va créer son Quatuor pour la fin du temps ; il montre comment la musique derrière les barbelés fut réquisitionnée par les Nazis pour collaborer à l’extermination des Juifs mais aussi des Tsiganes en pointant la question restée sans réponse : « Comment peut-on jouer Schubert le soir, lire Rilke le matin et torturer à midi ? » ; dans la liste terrifiante des musiciens déportés et gazés, le cas de Viktor Ullmann (1898-1944) interné dans le ghetto de Theresienstadt et écrivant son chef d’œuvre Der Kaiser von Atlantis est particulièrement poignant comme le destin tragique d’Alma Rosé, nièce de Gustav Mahler et violoniste professionnelle qui prend la direction de l’orchestre de femmes de Birkenau pour assurer sa survie et celle des instrumentistes qu’elle recrutait.
L’auteur mentionne in fine l’important corpus d’œuvres (de Schoenberg à Manoury) et de chansons dédiées aux victimes de l’holocauste : des œuvres pour mémoire comme l’est aussi cet ouvrage, essentiel autant que bouleversant, qui en appelle à la vigilance : « la mémoire se doit être active, souligne Bruno Giner, et doit pouvoir à tout moment se transformer en vigilance.»
Michèle Tosi, Res Musica, juillet 2011
Survivre et mourir en musique dans les camps nazis
« Le compositeur Bruno Giner livre dans un ouvrage minutieusement documenté un tableau sans fard de ce qui a servi d'alibi à un régime réduit à l'infamie des camps d'extermination. (…) Tout au long de ces pages, l'horreur vous saute au visage car, quelles qu'aient été les vertus qu'on lui prêtât, « La musique n'a jamais rien empêché». Quelques portraits de musiciens et d'interprètes complètent ce troublant parcours.
Jean-Pierre Robert, L’éducation musicale, juin 2011, n° 50
De Weimar à Térézine
« Que signifie être musicien aux heures les plus sombres de l’Europe ? Quand s’édifie la barbarie du III° Reich, des milliers d’artistes fuient l’Allemagne nazie. Purification, épuration, système répressif : tout est bon pour contrôler et nettoyer l’art musical. Résistants, clandestins, exilés, mais aussi sympathisants et musiciens dans les camps: Bruno Giner sort de l’oubli les êtres exceptionnels et courageux, les lâches et les coupables. C’est un réquisitoire admirable qui révèle les acteurs. »
Adrien De Vries, Classiquenews.com, 4 janvier 2007
Toute la musique ?
Voici un ouvrage de sensibilisation à la musique destiné aux enfants. Pourquoi écoute-on de la musique, en quoi est-elle essentielle à l’homme, comment fabrique-t-on la musique, comment écrit-on la musique, etc. Autant de questions qui, une fois qu’on leur a apporté réponse ou éléments de réflexion, ce que ce livre fait fort bien, permettent d’ouvrir l’âme des enfants à cet espace de liberté et de création qu’est la musique. Tout un langage ! Éducatif sans être prise de tête, pédagogique sans excès… Un ouvrage que chaque famille devrait posséder en accès libre. Pourquoi pas près d’un piano, ou d’une flûte, comme ça, nonchalamment…
Lucas Falchero, Écouter voir, février 2003, n°134
Quand la culture brûlait en exil
« Dans Weimar 1933. La musique brûle aussi en exil, Bruno Giner démontre à la lumière de l’histoire le devoir d’engagement et de mémoire des artistes. (…) Quelle est la responsabilité des artistes face aux dangers du fascisme ? C’est à cette question que répond Bruno Giner dans son livre. Il s’agit là d’un ouvrage d’histoire mais qui se veut aussi un outil pour le présent. (…) Le travail de l’auteur est remarquable. »
Frédéric Durscaso, L’humanité, 29 mai 2001
Voilà un ouvrage que l'on referme avec le sentiment de mieux appréhender la réalité culturelle espagnole depuis l'angle de la musique avec une prise en compte précise et sans concession du drame que ce pays a vécu pendant la guerre civile entre 1936 et 1939 mais aussi avant et après. [...] Livre important qui a des résonances très actuelles lorsqu'il est rendu compte de l'exode massif vers la France (500 000 personnes) à la suite de la défaite des Républicains, et qui contribue à mieux nous faire connaître la vitalité créatrice espagnole malgré un contexte dramatique et souvent destructeur, en nous invitant à découvrir des compositeurs de grande qualité.
Gilles Ribardière, L’éducation musicale, octobre 2016